Billet : Jersey et Guernesey

Jersey et Guernesey
29.11.2021

Les îles anglo-normandes, principalement Jersey et Guernesey qui sont deux « bailliages » distincts l’un de l’autre, sont les restes de l’ancien duché de Normandie récupéré en l’an 1224 par le roi de France Philippe Auguste à l’exception des confetti insulaires situés dans le golfe de la Manche entre les ports français de Saint-Malo en Bretagne et de Cherbourg en Normandie. Victor Hugo y a vécu réfugié au XIXe siècle pendant le règne de Napoléon III, qu’il appelait Napoléon le Petit (notamment dans Les Châtiments). Elles sont un exemple de la manière dont l’Angleterre a transformé les nombreux points d’appui de son empire maritime en paradis fiscaux comme Gibraltar à la pointe de l’Espagne, sans que Londres soit obligé de les tenir financièrement à bout de bras. George de Carteret, bailli de Jersey, a reçu jadis en Amérique du nord des terres qui sont devenues l’Etat du New Jersey au sein des Etats-Unis. Jersey n’était pas dans l’Union Européenne même avant le Brexit. Administrée sur place notamment par des connétables (maires), l’île dépend, ainsi que Guernesey, du duc de Normandie qui est le roi ou la reine d’Angleterre. Les activités financières très peu taxées représentent aujourd’hui plus de la moitié des activités de Jersey où la société américaine d’informatique Apple fait remonter depuis 2016 les deux-tiers de ses revenus qui transitaient précédemment par l’Irlande. Jersey est aussi devenue, par le miracle de ses circuits financiers, l’un des principaux exportateurs de bananes au monde. La sortie de l’Angleterre hors de l’Union européenne a reposé la question du partage de la pêche entre les Etats européens, en particulier avec la France, le plus proche voisin, de l’Angleterre, en donnant aux autres parties prenantes la claire impression de vouloir profiter de l’occasion pour remettre en cause à son profit les droits acquis. Cela dit, le bailliage de Guernesey qui a recueilli après Jersey pendant plusieurs années Victor Hugo exilé de France par Napoléon le Petit paraît être aujourd’hui le plus accommodant pour l’octroi des licences de pêche aux « travailleurs de la mer ».

 

Quand la déglaciation a fait monter les mers
Dans une élévation de plusieurs millénaires
Des îles sont restées au bord de l’océan
Terres qui paraissaient échapper au néant
Sur la ligne côtière elle-même nouvelle
Avant que les grands fonds privés des feux du ciel
Aillent plonger plus loin vers l’abîme profond
Si noir que le soleil n’en atteint pas le fond

On trouve à cet endroit maritime où se joignent
Le bocage normand et celui de Bretagne
Une île dont le nom est en anglais « Jersy »
C’est-à-dire en français langue de Normandie
Jersey la britannique à quelques encablures
Du Cotentin tout proche un endroit de verdure
Et de prospérité qui semble ex nihilo
Sortir avec ses fleurs de la vague et des flots
Un lieu de production florale et maraîchère
Mais surtout de finance activité plus chère
A la population et bien plus appréciée
Dans ce vert paradis fiscal et financier
Où l’argent à la fois est à l’aise et se planque
En se multipliant dans le trésor des banques

Connaissant leur tendance à garder le secret
Je ne suis pas surpris que l’on soit si discret
A Londres notamment sur cette dépendance
Qui dans son coin travaille et prospère en silence
En rentabilisant tous biens à sa portée
Dans ce temps de Brexit elle essaie d’ écarter
Les concurrents français dont les bateaux l’empêchent
D’exploiter à son gré ses ressources de pêche

Mais Guernesey du moins a soutenu le cri
Du poète jadis de Hugo le proscrit

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