Billet : Massacres en Afrique dans les années 1990

Avant la venue du président français à Kigali, capitale du Rwanda, le président rwandais Paul Kagame s’est félicité, dans un entretien daté du mercredi 19 mai 2021 avec les journalistes du Monde, que la relation bilatérale entre les deux pays se soit réchauffée. Mais le lecteur français que je suis reste toujours surpris par la teneur des propos que tient Paul Kagame (ou Kagamé) sur le génocide des Tutsi qui a eu lieu au Rwanda dans les années 1990. Je ne sais pas dans quelle mesure il continue à en tenir la France pour responsable, coupable ou complice. Sur la suite du génocide, il s’exprime ainsi, à propos des camps de réfugiés installés en République du Congo : « Il y avait beaucoup de participants au génocide qui se trouvaient parmi les réfugiés. Mais la communauté internationale s’entêtait à nourrir tout le monde, à leur donner tout ce qu’il fallait, comme si c’était seulement des réfugiés. On [?] n’arrêtait pas de le souligner. Une large partie des civils réfugiés au Congo étaient ceux qui avaient massacré avec des machettes. La communauté internationale a essayé de masquer cela. Nous, nous avons organisé le retour de la plupart des réfugiés. On ne pouvait pas à la fois planifier le fait de tuer ces gens et, en même temps les rapatrier. » Dans un autre passage du même entretien, Paul Kagamé précise : « Certains des Hutu qui ont tué, ou ceux qui les ont laissé faire, ont besoin d’une sorte de rédemption pour obtenir la chance d’être des gens normaux, comme ils auraient dû l’être. Les Tutsi qui ont survécu se disent : « ces gens-là ont voulu nous éliminer totalement », et ils les en tiennent pour responsables. Finalement, tous m’en veulent. Les Hutu me reprochent d’être mis en accusation, les Tutsi me reprochent d’oublier nos souffrances. Mais ce qui les réunit, c’est l’idée que cet homme [Paul Kagame] tient les choses ensemble. »

Parfois on se demande où gît la vérité
Qui semble s’entourer de noire obscurité
Profondément plongée dans un passé qui rouille
Complexe à un point tel que le regard se brouille
Une situation dans laquelle on se perd
Quand on veut trop comprendre et que l’on s’exaspère
De n’avoir pas assez de lumière croit-on
Pour s’échapper de l’ombre autrement qu’à tâtons

Dans cette incertitude on entend que dissone
Le cri jamais éteint de toutes les personnes
Qui ont trouvé la mort tuées au Ruanda
Ce n’était nullement le temps d’un concordat
Que cette décennie de fin de siècle atroce
Où l’Afrique a montré son visage féroce
En ce temps je pensais que la France avait fait
Tout ce qu’elle pouvait pour stopper les forfaits
Aucun autre pays n’ayant eu le courage
D’oser s’ interposer  pour arrêter la rage

Tous ceux qui lâchement sont restés à l’écart
Accusent les Français ressortis du placard
D’avoir aidé le crime en voulant entraver
Le châtiment de ceux que rien ne peut sauver
La juste punition qui leur semblait promise

D’être intervenus tard pour leur sauver la mise
Donnant aux assassins au lieu d’être frappés
La chance in extremis de pouvoir décamper
Mais était-ce une chance – en fait tant de fuyards
Ont été poursuivis et traqués sans fanfare
Corps et biens disparus au tréfonds du Congo
Qu’importe dira-t-on c’étaient des saligauds
Qui méritaient leur sort et sans « de profundis »
Non se venger n’est pas faire acte de justice

Et quand le chef tutsi persiste à réprimer
Son peuple de Hutu coupable et mal aimé
On peut se demander s’il est le rédempteur
Ou s’il n’est pas plutôt le parfait dictateur

 

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