Naguère chroniqueur puis éditorialiste
Un homme de médias qui se veut analyste
Cherchant dans le passé les meilleurs des surnoms
Afin de les inscrire à nouveau sur le front
De nos politiciens tantôt jeunes modernes
tantôt traditionnels qui bien ou mal gouvernent
Choisit pour qualifier l’actuel président
L’adjectif de « hardi » qui n’est pas évident
D’autres vont rectifier « Macron le téméraire »
Qu’ils voient à bref délai président honoraire
Parmi les Capétiens Philippe le hardi
Second fils de celui qu’on nomme Saint Louis
A dû son épithète à sa vaillance en guerre
Bien qu’on l’ait dit aussi faible de caractère
Charles le téméraire au surnom plus connu
A cherché pour sa part de façon continue
A grossir son pouvoir contre le roi de France
Auquel il refusait de donner allégeance
Ce roi était Louis surnommé le prudent
Qui préférait la ruse aux moyens plus ardents
La liste des Louis le plaçait en onzième
il était cependant premier en stratagèmes
Imposant face aux ducs ses droits de suzerain
Vainqueur dans son duel s’affirmant souverain
Contre son ennemi le prince de Bourgogne
Il ne rechignait pas aux patientes besognes
Par des paiements royaux par des accords adroits
Contre le téméraire ainsi devenu proie
Grâce à l’argent versé aux mercenaires suisses
Louis XI a gagné fort de cette milice
De ces hallebardiers et piquiers aguerris
Fidèle à son renom de prudence à l’abri
Sans désir de briller au niveau des étoiles
Content d’être araignée qui sait tisser sa toile
Dans Le Télégramme du 21 mars 2021, les lecteurs de ce journal brestois ont pu lire un article sous le titre : « Macron est un bonapartiste du XXIe siècle ». L’article commence ainsi : « Figure médiatique omniprésente et analyste politique respecté, Alain Duhamel décrit dans son dernier livre, Emmanuel le hardi, l’arrivée de Macron au pouvoir « par effraction », un hold-up électoral qui s’inscrit dans la tradition française du bonapartisme. » Puis vient une question du journal à l’auteur du livre : « Pour le titre de votre ouvrage, vous avez hésité avec « Macron le téméraire », pourquoi avoir finalement préféré la hardiesse à la témérité… ? » Réponse d’Alain Duhamel : « parce que la partie n’est pas encore jouée, et il se représentera l’an prochain, lui [contrairement à François Hollande le débonnaire], j’en suis persuadé ». Le questionné aurait pu répondre plus honnêtement : parce que « hardi » est flatteur, alors que « téméraire » est critique, signifiant « hardi à l’excès » (voir le dictionnaire). Le surnom « le téméraire » est bien connu dans le « récit national » français, il est celui du duc Charles de Bourgogne qui, à la fin du XVe siècle, s’est heurté au roi de France Louis XI, appelé « l’universelle araigne » parce qu’au contraire de Charles le téméraire, il tissait patiemment sa toile pour y attraper ses ennemis en usant de moyens peu chevaleresques comme celui de les garder enfermés dans des cages de fer.
Dominique Thiébaut Lemaire