Filles du roi Pandion les deux sœurs – Philomèle
Et sa chère Procné – semblaient être jumelles
Tant elles s’appréciaient et se voulaient unies
Procné s’est donc sentie en exil et bannie
Livrée par son mariage au despote de Thrace
Térée fils d’Arès-Mars un brutal dont la race
Gardait toujours en elle un reste inassouvi
Pandion qui redoutait de finir asservi
Face à ses ennemis voulant abattre Athènes
Avait dû faire alliance avec ce capitaine
Fort de nombreux guerriers puissant par son argent
Qui apportait de l’aide et un secours urgent
Frustrée au bout d’un lustre en manque de douceur
Procné a souhaité voir à nouveau sa sœur
Pour ce faire Térée a lancé un bateau
Qu’il a conduit lui-même et dirigé bientôt
Jusqu’au port du Pirée la porte de l’Attique
Où Pandion l’attendait d’un air diplomatique
En dissimulant mal sa vive appréhension
Mais l’Athénien s’apaise il oublie les tensions
Quand Térée lui donnant l’affectueux message
Envoyé par Procné promet sur un ton sage
De ramener la sœur qui lui sera confiée
Son interlocuteur omet de se méfier
Sur la voie du retour enflammé de désir
Le Thrace a regardé avec un grand plaisir
Sur le navire étroit Philomèle endormie
Dénuder les appas de son anatomie
Ce violent fils d’Arès la prend pour une gouge
L’assaille sans vergogne à coups de sexe rouge
Procné avec sa sœur veut tuer son mari
Ainsi que son enfant fruit d’un amour tari
Mais un dieu les protège indigné par le viol
Change l’une en aronde et l’autre en rossignol
La mythologie gréco-romaine raconte la légende des filles de Pandion (roi d’Athènes), Philomèle et Procné, transformées en oiseaux, rossignol et hirondelle, dont l’histoire a été rapportée longuement par Ovide (Les Métamorphoses, livres VI, vers 424-674). Il existe aussi une version thébaine racontant l’histoire d’Aédon dont le nom est celui du rossignol en grec ancien. Aédon, fille de Pandaréos, est l’épouse de Zéthos, roi de Thèbes. Aédon, jalouse de Niobé, sa belle-sœur dotée d’une postérité nombreuse, veut tuer le fils aîné de cette rivale, mais dans la nuit elle se trompe et immole son propre fils, Itylos, dont le nom est à rapprocher de celui d’Itys, fils de Procné. Zéthos, fou de colère, court après Aédon pour la tuer, mais elle lui échappe car elle s’envole changée en rossignol. Itylos-Itys serait l’onomatopée plaintive que les Anciens reconnaissaient dans le chant de ce passereau. Homère se réfère à ce mythe dans L’Odyssée (chant XIX, vers 519-534) quand Pénélope s’abandonne un moment à la tristesse en écoutant un rossignol : « Fille de Pandareos, la chanteuse verdière se perche au plus épais des arbres refeuillés pour chanter ses doux airs quand le printemps renaît ; ses roulades pressées remplissent les échos ; elle pleure Itylos, l’enfant du roi Zéthos, ce fils qu’en sa folie son poignard immola… » Dans la version racontée par Ovide, l’enfant Itylos-Itys est tué dans une ambiance moins mélancolique et beaucoup plus sauvage, car il y est question du viol de Philomèle par Térée l’époux de Procné, et de l’assassinat du fils de Térée par sa propre mère, infanticide vengeur qui rappelle le meurtre de ses enfants par Médée.
Dominique Thiébaut Lemaire