Lorsque le roi Tyndare a honoré les dieux
D’un coûteux sacrifice ostensible mais pieux
Avec à ses côtés de nombreux acolytes
Il aurait dû donner à Vénus-Aphrodite
Une meilleure part non la « portion congrue »
Qu’elle a considérée comme injuste incongrue
Au point d’avoir voulu tramer une vengeance
Afin que l’humain sache où est son allégeance
Un soir où se baignait Léda femme du roi
Dans le fleuve côtier quand la chaleur décroît
Elle voit accourir poursuivi par un aigle
Un cygne blanc vers elle et comme il est de règle
Que le blanc est candide et que le cygne est bon
L’aigle au plumage noir prend son envol d’un bond
Reste l’oiseau des eaux qui contre elle se presse
De ses ailes l’embrasse et même la caresse
De son long col flexible adouci de duvet
Plus tard elle saura que c’est Zeus qui revêt
Souvent pour ses amours une forme inédite
Et qu’il a mainte fois pour complice Aphrodite
Tyndare voit sa femme exaltée sans raison
Lorsque le crépuscule embrase l’horizon
Dans la nuit qui succède aux caresses du cygne
Elle se prête aussi sans humeur qui rechigne
Au désir conjugal et dans son ventre sent
Que des enfants naîtront humains de chair et sang
Ou d’une autre nature animale ou divine
Entre qui l’origine à peine se devine
Ce seront Clytemnestre Hélène et les Gémeaux
L’amour les mènera vers de terribles maux
Car ils seront toujours en dépit des prouesses
Par leurs passions sans frein les proies de la déesse
Des étreintes de Léda d’une part avec Zeus-Jupiter qui a pris la forme d’un cygne, et d’autre part avec son mari humain Tyndare le roi de Sparte, sont nés dans deux œufs quatre enfants d’origine soit purement humaine (Castor et Clytemnestre) soit à moitié divine (Pollux et Hélène). Les amours des sœurs Hélène et Clytemnestre, épouses des frères Ménélas et Agamemnon, ont joué un rôle funeste dans la guerre de Troie : l’enlèvement de la belle Hélène par le troyen Paris a été à l’origine de cette guerre («Amour tu perdis Troie », écrit Jean de La Fontaine dans sa fable ironique intitulée « Les deux coqs ») ; quant à Clytemnestre, femme d’Agamemnon chef victorieux de l’armée grecque, aidée par son amant Egisthe, elle a tué ou fait tuer son mari quand il est revenu de la guerre de Troie. De leur côté, avant cette guerre, Castor et Pollux (appelés les Dioscures, mot qui signifie « les garçons de Zeus »), ayant assisté aux noces de leurs cousins Idas et Lyncée, ont enlevé les deux fiancées. Dans le combat qui a suivi, les protagonistes, sauf Pollux, ont été tués. La mort de Castor n’a finalement pas séparé les Dioscures, qui ont été transportés ensemble parmi les astres où ils forment la constellation des Gémeaux.
Dominique Thiébaut Lemaire