La bataille du Côa
Une leçon portugaise
Un film de Jean-Luc Bouvret.
Projection tous les jours jusqu’au 21 mai 2018, ainsi que les mardis 29 mai et 5 juin, au cinéma Saint André des Arts 30 rue Saint André des Arts, Paris, métro Saint Michel ou Odéon.
C’est presque un cas d’école : « Ou bien les roches gravées ou bien le barrage ».
Dans les années quatre-vingt-dix, la construction d’un barrage par la compagnie EDP (Electricité du Portugal), sur la rivière Côa, affluent du Douro, apporte du travail dans cette petite ville de montagne du nord du Portugal, Vila Nova de Foz Côa. Sa réalisation apporterait aussi, pensent certains villageois, la certitude d’avoir toujours de l’eau.
Mais, sur dix-sept kilomètres, la vallée de la rivière est un véritable monument à ciel ouvert, datant de l’ère glaciaire. Les roches gravées de profils d’animaux se succèdent, elles témoignent, de la part de lointains ancêtres, du désir de se survivre à eux-mêmes. Le site sera englouti sous les eaux du barrage. C’est ce que veulent éviter quelques habitants, fiers de leur histoire, de leurs vignes et de leurs amandiers, ainsi qu’une équipe d’ archéologues, relayés par l’opinion internationale (médias, UNESCO), et les lycéens, convaincus que le mot patrimoine ne concerne pas seulement leur église au chœur entièrement doré.
D’un côté la majorité des habitants et la compagnie d’électricité, appuyée par le gouvernement, de l’autre des amoureux du site, des savants et des jeunes. Goliath contre David.
EDP assure qu’un compromis est possible : on peut découper les roches gravées, comme à Assouan, on peut en faire des visites sous-marines ! Les lycéens répliquent par des pétitions, des spectacles de guignol, de théâtre : « Les gravures ne savent pas nager », scandent-ils sans répit. Est-ce l’esprit de la Révolution des œillets qui leur donne l’énergie de résister ou alors la conscience d’une richesse sans pareille ?
Nous suivons les multiples étapes de l’affrontement sans pouvoir préjuger du dénouement.
La bataille du Côa est un documentaire riche en archives, d’une forte intensité narrative, très émouvant.
A présent, un parc archéologique de la préhistoire occupe à Foz Côa le site qui devait être celui du barrage.
Maryvonne Lemaire