L’économie repart avec manifs et grèves
Les revendications quand tout va mieux s’aggravent
A la fin de la crise où tous n’ont pas maigri
La paye on veut alors qu’elle soit en progrès
Et que l’os à ronger se garnisse de gras
Le monde d’avant-hier est bonheur qu’on regrette
Le corset de rigueur il ne faut plus qu’il gratte
L’effort mal réparti devient un * mistigri
La paye on veut alors qu’elle soit en progrès
Et que l’os à ronger se garnisse de gras
Au bout du purgatoire oubliera-t-on la Grèce
Pressurée par l’Europe au point de crier grâce
Jalousée par le Nord qui souffre d’un ciel gris
La paye on veut alors qu’elle soit en progrès
Et que l’os à ronger se garnisse de gras
Après dix ans de peine assortie de migraine
Qui n’a pas disparu qui reste en filigrane
Je pense que beaucoup vont en sortir aigris
Par un paradoxe apparent, c’est au moment où les crises économiques sont en voie de résolution que les mécontentements s’expriment avec le plus de force. La population prend alors conscience qu’elle peut cesser de plier sous le joug de la contrainte et que l’espoir d’une amélioration renaît. L’espérance est un facteur d’illusion, mais aussi une aide à la modération, comme pourrait le montrer le cas de la Grèce. Celle-ci a emprunté depuis 2010 plus de 200 milliards d’euros auprès de ses partenaires européens. Alors que le plan d’assistance s’achève le 20 août prochain, l’Union européenne, sachant qu’Athènes a besoin de soutien dans cette période délicate, réfléchit à un plan d’allègement « vraiment convaincant » (mais en est-elle capable, cette union ?) qui inciterait les Grecs à cultiver la prudence économique dans la durée et à poursuivre les réformes.
*Mistigri : entre autres significations, désigne « une carte à jouer désavantageuse dont il faut se défausser. Repasser, refiler le mistigri à quelqu’un : se débarrasser d’un problème encombrant » (dictionnaire Robert).
Dominique Thiébaut Lemaire