L’expressionnisme: peintres allemands. Auteur: Annie Birga

 « Expressionnismus  et Expressionnismi »
Pinacothèque de Paris (du 13 octobre 2011 au 11 mars  2012).
Auteur: Annie Birga

La Pinacothèque de Paris présente, une fois de plus, une exposition originale et stimulante qui regroupe des tableaux  provenant de  musées  pour la plupart allemands, les musées français  ayant au XXème siècle (et au XXIème) très peu acheté outre-Rhin.

Voici l’occasion  de mieux connaître et comprendre  un  mouvement que des esprits réducteurs auraient tort de confondre avec le Fauvisme, même si celui-ci a été son point de départ.

Le titre de l’exposition  souligne cependant son ambivalence, car, en fait, Die Brücke (Le  Pont), né à Dresde en 1905 et dissous en 1913, puis Die Blaue Reiter (Le Cavalier bleu), né à Munich en 1911 et dispersé par les effets de la guerre, se sont succédé, ressemblé, affrontés. D’où le parti-pris du commissaire de l’exposition de présenter les oeuvres sans ordre chronologique, par thèmes, en les confrontant de façon à en marquer convergences et dissemblances.

Ce qui nous vaut, mêlés, les Expressionnistes proprement dits, Kirchner et son élégance nerveuse; Heckel, grand portraitiste et paysagiste; Nolde, éclatant de couleurs; Schmidt-Rottluff, anguleux et peignant par aplats des couleurs complémentaires. Chez tous, tension et angoisse dans ce début d’un siècle tourmenté, dans la lignée de Van Gogh et de Munch. Les peintres du Blaue Reiter sont plus formalistes, souvent ésotériques et spiritualistes, ce qui les conduit à l’abstraction, Kandinsky étant le principal protagoniste du mouvement. On peut regretter que Marc soit peu représenté. Mort trop jeune aussi en 1914, tout comme Macke, dont les dernières toiles anticipent un retour à l’ordre, tel qu’il se manifestera dans la Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité). Aspect moderne de ce  groupe, des femmes-peintres s’y associèrent, Gabriele Münter, amie et élève de Kandinsky, et Marianne Werefkin, compagne du russe Jawlensky dont le style très personnel s’apparente au Symbolisme.

 « Entartete Kunst », l’exposition de 1937, « Art Dégénéré », organisée par les Nazis, regroupera presque tous ces tableaux ici exposés.

Il est temps que nous rattrapions notre retard à appréhender l’art allemand du XXème siècle, et cette exposition, parfaitement accompagnée de notices biographiques et de commentaires efficaces, nous le permet.

 

 Annie Birga

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