Quand va-t-il voir la fin de sa passion
Il s’abandonne et peut-être abandonne
A qui remettre un mot de démission
Hormis Dieu même il ne trouve personne
Il se retire avec la permission
Que le vieux droit de l’Eglise lui donne
Le terme exact n’est pas abdication
Convenant mal aux têtes sans couronne
Renoncement plutôt renonciation
Tel est le mot préférable à tout autre
Un libre choix quand la vie prend le large
Courage humain plus que résignation
Le successeur du premier des apôtres
Usé par l’âge a résigné sa charge
Le paradoxe des choses anciennes est qu’à force d’être anciennes elles rejoignent le monde moderne, et même le dépassent d’une certaine manière.
Apollinaire semble le dire quand il écrit dans « Zone » au début d’Alcools:
« Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme
« L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X ».
Irait-on jusqu’à remplacer dans ce vers « Pie X » par « Benoît XVI » ?
Dans un monde où tant de gens s’accrochent au pouvoir, Benoît XVI a redonné une nouveauté à un acte apparemment aussi simple qu’une démission, dont le terme exact est renunciatio dans le latin du droit canon. Pour être valable d’après ce droit, la renunciatio n’a pas besoin de beaucoup de conditions, la principale est qu’elle soit un acte libre.
Se trouve aussi posée la question du courage: qui est le plus courageux, celui qui continue jusqu’à la mort, perinde ac cadaver, ou celui qui, à bout de forces, a la sagesse de renoncer ?
Dominique Thiébaut Lemaire
Sur le fond, je trouve que ce Pape a failli car, en se résignant ainsi à la banalité, il relègue les vieillards au mouroir, ni plus, ni moins. Je trouve que, de sa part, c’est une énorme faute, une lamentable incongruité. Car, s’il faut désormais que les Papes aient un « look » digne de la presse « people », où allons-nous ?